Fort Boyard
Le Fort Boyard n'étant pas accessible au public, profitez d'un large éventail de croisières en partance de l'île d'Oléron (Port de Saint-Denis d'Oléron ou Boyardville) pour vous rapprocher au plus près de ce majestueux vaisseau de pierre. Au travers des nombreuses balades en mer qui vous seront proposées, vous pourrez admirer le phare de Chassiron ou faire escale sur l'île d'Aix.
Un projet ambitieux pour l'époque
Situé à mi-chemin entre les îles d’Aix et d’Oléron, Fort-Boyard a été conçu avant tout pour protéger la rade de l’île d’Aix et l’arsenal royal de Rochefort. La portée des canons à l’époque ne permettait alors pas de croiser le tir entre le fort de la rade sur Aix et la batterie des Saumonards sur Oléron. Entre les deux îles se trouve la longe de Boyard. Les hollandais ont cartographié cet endroit « Banjaert » qui se traduit par banc de sable en néerlandais et qui nous donne aujourd'hui le nom de « Boyard ».
Le projet de construction du Fort Boyard remonte au XVIIe siècle. Dès 1666, la création de l’arsenal de Rochefort, ordonnée par Colbert, impose à cette zone une protection militaire. La France sort de la guerre de Sept ans avec l’Angleterre et la défense de nos côtes est alors primordiale. Cependant, face à d'importantes difficultés techniques, l’idée est maintes fois repoussée. Le grand Vauban lui-même s'avoue impuissant face à ce défi et s’adresse à Louis XIV en ces termes : « Sire, il serait plus facile de saisir la lune avec les dents que de tenter en cet endroit pareille besogne ».
Il faut attendre le début du XIXe siècle pour voir le projet relancé. En1801, une commission mixte composée du Génie, de la Marine et d’ingénieurs des Ponts et Chaussées remet à Napoléon Bonaparte un rapport. Dans ce dernier il est préconisé de bâtir sur la longe de Boyard un « vaisseau de pierres » en suivant les idées du marquis de Montalembert en matière de fortification. En 1803, le premier consul Bonaparte approuve le projet. La même année, les magasins nécessaires au chantier et les logements pour les ouvriers sont implantés sur l’embouchure du chenal de La Perrotine, sur la côte est de l’île d’Oléron. Boyardville voit alors le jour. Les travaux d’enrochement à pierres-perdues débutent en 1804. Des carrières sont ouvertes à proximité, notamment à la pointe de Coudepont sur l’île d’Aix. Les difficultés sont immenses, entre l’enrochement qui s’affaisse, les violentes tempêtes et la présence de l’ennemi anglais.
De l'ombre à la lumière...
Le chantier s'arrête alors que plus de 75000 m3 de pierres ont déjà été déversés sur le banc de sable. Il reprend en 1809, sur les bases d’une construction moins importante, mais est de nouveau suspendu la même année après que les anglais aient détruit l’escadre de Rochefort en rade d’Aix avec l'aide de brulots. A ce moment précis, on compte déjà 3 500 000 francs d'investis dans ce projet. Trente ans plus tard, sous Louis-Philippe, le regain de tension entre la France et l’Angleterre donne une nouvelle impulsion à la construction du Fort. En 1848, le socle est édifié. La construction du Fort, lui-même, va prendre plus de dix ans. Le coût total des travaux est estimé à près de 3 000 000 de francs. Les fondations sont protégées par une ceinture de granit de Chausey. La partie supérieure est réalisée en pierres des carrières de Crazannes, les voutes et l’intérieur en pierres de Saint-Savinien et les embrasures en briques. Les travaux s’achèvent par la vigie qui sert de sémaphore en 1857. Deux ans plus tard le Fort est doté d’un brise-lame au nord et d’un havre de débarquement au sud.
Le saviez-vous ? Les dimensions du Fort ont de quoi impressionner : 68 mètres de long, 32 mètres de large et 20 mètres de haut. Le fort devait être occupé par 250 soldats et armé de 74 canons, autant de pièces qu’un navire de guerre à trois ponts. Il n’en reçu cependant qu’une trentaine.
Au milieu du XIXe siècle, les progrès de l’artillerie (canons à âme rayée, remplacement du boulet par l’obus) rendent le Fort, à peine achevé, obsolète. Il est désormais possible de croiser le tir entre Oléron et Aix. A la fin du Second Empire, il devient une prison militaire où on y enferme des soldats prussiens et autrichiens. Plus tard, prison d’état pour des communards, il voit le passage de Louise Michel et Henri Rochefort avant leur transfert au bagne de Nouvelle-Calédonie.
Au début du XXe siècle, laissé à l’abandon, il est la proie de pillards. En 1950, il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Il est acquis en 1962 par un particulier lors de sa mise aux enchères par les domaines pour 7500 francs. En 1967, il sert de décor à la fin du film Les aventuriers de Robert Enrico, avec Lino Ventura et Alain Delon. Le concepteur d’émissions télévisées Jacques Antoine y tourne le pilote du jeu La chasse aux trésors animé par Philippe Gildas et Philippe de Dieuleveult. L’épisode est diffusé le 6 septembre 1981. Jacques Antoine s’en porte finalement acquéreur en 1988 pour 1,5 million de francs et le revend pour un franc symbolique au Conseil Général de Charente-Maritime tout en se réservant l’exclusivité de l’exploitation du Fort. Jacques Antoine, Jean-Pierre Mitrecey et Pierre Launay sont à l’origine du jeu Les clés de Fort Boyard. Le premier épisode passe à l’antenne le 7 juillet 1990 et le concept sera par la suite vendu à une trentaine de pays différents rendant le Fort Boyard célèbre dans le monde entier. Juste retour des choses pour celui que l’on a longtemps surnommé « le Fort de l’inutile » !